La bronchopneumopathie chronique obstructive est une maladie encore méconnue qui touche pourtant 3,5 millions de personnes en France. Une situation qui préoccupe les associations de malades, d’autant que la BPCO, affection respiratoire incurable dans l’état actuel des progrès en matière de santé, sera considérée dans les dix prochaines années, comme étant la 4e cause de mortalité en France avec, parmi les facteurs aggravants, la dégradation de notre environnement et la pollution de l’air.
Aussi, sa prise en charge précoce et l’offre d’un parcours de soins adapté et de qualité, restent, en matière de prévention, les voies les plus prometteuses. Pour promouvoir les meilleures pratiques, un livre blanc, « Faire de la BPCO une urgence de santé publique » a été soumis aux pouvoirs publics pour la période 2018-2022, à l’initiative, entre autres contributeurs, de la Fondation du Souffle.
Sommaire
- Qu’est-ce que la BPCO ?
- Evolution de la maladie
- La BPCO dans le monde et en France
- Quels sont ses principaux facteurs de risque ?
- Peut-on guérir de la BPCO ?
- BPCO & Covid-19
- Quelle aide apportons-nous
- Des dates pour agir
- Pour s’informer
Qu’est-ce que la BPCO ?
La BPCO est une maladie chronique respiratoire non transmissible des voies aériennes et notamment des bronches. Elle provoque leur inflammation et un épaississement de leurs parois ainsi qu’une hypersécrétion de mucus. Le tissu pulmonaire, également enflammé, entraîne des dysfonctionnements des cellules qui le constituent. Les alvéoles pulmonaires, qui permettent les échanges gazeux entre l’air et le sang lors de la respiration, sont progressivement détruites, conduisant à leur dégradation. Les symptômes sont une bronchite chronique (toux grasse plusieurs mois chaque année) ou des bronchites à répétition, accompagnées d’une sensation progressive de manque d’air et provoquant de la détresse respiratoire. Dans ses formes les plus aiguës, une ventilation artificielle est nécessaire, et, parmi les complications les plus graves, le manque chronique d’oxygène impose un traitement particulier, l’oxygénothérapie, qui vise à maintenir une oxygénation suffisante pour ne pas entraîner de défaillance cardiaque notamment, le manque d’oxygène fatiguant le cœur.
Evolution de la maladie
La haute autorité de la santé (HAS), dans son guide du parcours de soins de la BPCO, identifie 4 stades dans la pathologie :
- BPCO de stade 1 « légère » : le patient est essoufflé uniquement lors d’un effort important. À ce stade, il n’est que rarement conscient de son état.
- BPCO de stade 2 « modérée » : l’essoufflement devient présent dans les activités de la vie quotidienne, du fait du rétrécissement accru du calibre des bronches. Il commence à constituer un handicap pour le patient.
- BPCO de stade 3 « sévère » : l’essoufflement se fait récurrent, même à l’occasion d’efforts minimes de la vie quotidienne. Les bronches sont de plus en plus obstruées.
- BPCO de stade 4, « très sévère » : gêné dans ses gestes les plus banals, le patient devient « insuffisant respiratoire » : son organisme ne parvient plus à s’oxygéner seul. Sa qualité de vie est considérablement dégradée.
Quel que soit le stade de la maladie, des épisodes d’aggravation des symptômes, ou exacerbations, peuvent survenir, à raison de 2 fois par an en moyenne.

La BPCO dans le monde et en France
D’après l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé, 210 millions de personnes souffrent de BPCO dans le monde. Aujourd’hui, près de 90 % des décès par BPCO se produisent dans des pays à revenus faible et intermédiaire. Un terrible bilan dû à l’augmentation du tabagisme auprès de ces populations.
Toujours d’après les projections de l’OMS, le nombre total de décès par BPCO devrait augmenter de plus de 30 % dans les dix ans à venir si l’on n’intervient pas pour réduire les risques, en particulier l’exposition à la fumée du tabac.
En France, 3,5 millions de personnes sont concernées par cette maladie chronique respiratoire, dont 700 000 personnes diagnostiquées au stade sévère et près de 150 000 sous assistance respiratoire, selon la Fédération France BPCO. En 2017, elle causa 17 000 décès (d’après les Dossiers information BPCO de l’INSERM, juin 2020).
Pourtant, son diagnostic pourrait être plus efficace et précis. Par exemple par la mesure systématique du souffle auprès d’un médecin généraliste ou dans le cadre de la médecine du travail. Par ailleurs, la BPCO touche de plus en plus les femmes qui sont susceptibles de développer la maladie de manière précoce et de présenter des formes graves, en raison notamment de la hausse du tabagisme féminin. Si les femmes ne représentaient que 20 % des victimes il y a dix ans, elles constituent déjà 40 à 45 % des malades aux États-Unis et en Angleterre. La même tendance est observée en France…
Quels sont ses principaux facteurs de risque ?
Le tabagisme, actif ou passif (in utero notamment), est en cause à près de 80 % dans le développement de la maladie qui touche désormais autant les femmes que les hommes. La pollution de l’air intérieur et extérieur, les expositions à des poussières (charbon, moisissures, poussières végétales) et à des substances chimiques (pesticides), corrélées aux infections des voies respiratoires contractées au cours de l’enfance et aux prédispositions à caractère génétique, sont également incriminées.
L’une des caractéristiques de la BPCO provient du fait qu’elle est associée à de nombreuses autres pathologies ou comorbidités n’atteignant pas uniquement les voies respiratoires, comme les organes, les muscles, le système cardio-vasculaire, gastro-intestinal, ou encore le psychisme. L’INSERM estime, qu’en moyenne, un patient atteint de BPCO présente cinq comorbidités.
En réalité, quelque 80 comorbidités auraient été observées, rendant d’autant plus difficile son diagnostic précoce et augmentant le risque de décès dans les 5 années le suivant. Ainsi, la plupart des patients ne décèdent pas d’insuffisance respiratoire, mais d’accidents cardiovasculaires, de cancers ou de pneumonies.
Peut-on guérir de la BPCO ?
La réponse est malheureusement non. Mais l’une des premières mesures pour les patients fumeurs atteints de BPCO reste l’accompagnement vers l’arrêt du tabac pour réduire les risques.
Le parcours de soins pour les patients peut inclure de la rééducation respiratoire, mais aussi des activités physiques adaptées.
Pas seulement en alternative aux traitements médicamenteux nécessaires, mais en complémentarité, afin d’enrayer l’évolution de la maladie.
BPCO & Covid-19
Avec plus d’admissions en réanimation et de décès, le pourcentage de patients souffrant de BPCO qui ont un risque accru de contracter la forme la plus grave de COVID-19 est de 63 % contre 33,4 % chez ceux n’étant pas atteint par la BPCO. Le taux de mortalité en cas de BPCO atteint 60 %.
Si les connaissances accumulées après un an de pandémie confirment la plus grande fréquence des formes sévères auprès des malades de BPCO, ceux-ci ne paraissent toutefois pas plus à risque de contracter la maladie.
Cette épidémie aurait pourtant un impact sur la BPCO, car les épisodes de confinement ont réduit les possibilités de réhabilitation des patients et de réalisation des épreuves fonctionnelles respiratoires. Le manque d’activité physique, également, qui pourrait être un facteur d’aggravation, devrait jouer dans l’impact de la pandémie dans la vie quotidienne des patients.
Mais, là encore, les données sur le suivi global des patients souffrant de bronchopneumopathie chronique pendant le confinement ne sont pas connues.
Alors que les traitements inhalés ne semblent pas avoir d’effet préventif, ni délétère, le port du masque chirurgical en revanche, a une efficacité dans la protection contre le virus.
Il est aussi à noter que les patients atteints de BPCO ne figuraient pas à l’origine sur la liste prioritaire de la campagne de vaccination (débutée le 27 décembre 2020) contre le coronavirus, dans un premier temps au bénéfice des personnes de plus de 75 ans et de celles dont les pathologies sont considérées comme les plus vulnérables. La BPCO, suite aux actions menées par les associations de patients, fait maintenant partie des priorités absolues pour la vaccination, en cohésion avec la stratégie vaccinale du ministère de la Santé et de la HAS, d’autant que l’apparition et la multiplicité des nouveaux variants viennent fragiliser encore plus la santé des malades.
BPCO & Quelle aide apportons-nous ?
Le Souffle 84 est à l’écoute des personnes souhaitant s’informer sur cette pathologie très méconnue du grand public, en leur facilitant l’accès au dépistage (qui rappelons-le, est déterminant dans le diagnostic précoce de la maladie) et à la mise en relation avec des professionnels de santé : pneumologues, allergologues…
Notre association propose un accompagnement aux patients atteints d’insuffisance respiratoire, dans le cadre d’activités physiques adaptées (gymnastique respiratoire, marche nordique).

Enfin, nous proposons une approche motivationnelle à l’arrêt du tabac, le tabagisme étant en cause, à 80 % dans le développement de la maladie, ainsi que des groupes de parole animés par un professionnel de santé
Des dates pour agir
- Prochaine “ Journée mondiale de la BPCO ” : 21 novembre 2021
- En région, des actions locales de prévention et de sensibilisation sont organisées à cette occasion dans les différents Comités départementaux du réseau de la Fondation du Souffle.
- Projet de recherche soutenu par la Fondation du Souffle : La BPCO chez la femme
- “Journée mondiale de la BPCO 2019” : sur le site de la Fondation du Souffle
- La “Journée mondiale sans tabac 2019” a été dédiée à la santé pulmonaire avec une mise en avant de cette maladie méconnue qu’est la BPCO : https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2019/journee-mondiale-sans-tabac-2019
Pour s’informer
- Guide du parcours de soins bronchopneumopathie chronique obstructive, HAS : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2020-01/app_323_guide_bpco_actu_2019_vf.pdf
- Dossier thématique de Santé publique France – juin 2017 : BPCO et insuffisance respiratoire chronique https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/bpco-et-insuffisance-respiratoire-chronique/donnees/#tabs