Depuis l’origine de la création de notre association et aujourd’hui encore, nous sommes engagés dans la prévention de la tuberculose et dans l’accompagnement des personnes atteintes de cette maladie. Pourtant 85 % de ceux qui contractent la tuberculose guérissent après avoir suivi un traitement pendant six mois et on pourrait penser que, dans de nombreux pays, ce n’est qu’un lointain souvenir du passé. Alors, pourquoi s’intéresser encore à la tuberculose ?
Sommaire
- La tuberculose, encore d’actualité ?
- La tuberculose, qu’est-ce que c’est en fait ?
- La tuberculose, une menace pour qui ?
- La tuberculose, répandue partout dans le monde ?
- La tuberculose, présente en France ?
- La tuberculose, aggravée par la Covid-19 ?
- Pour s’informer
La tuberculose, encore d’actualité ?
La tuberculose est l’une des 10 premières causes de mortalité dans le monde. En 2019, elle a tué 1,4 million de personnes, soit près de 4 000/jour, et en a infecté près de 11 millions. C’est la maladie infectieuse la plus meurtrière, même devant le sida. Mettre un terme à l’épidémie de tuberculose d’ici à 2030 figure d’ailleurs parmi les cibles sanitaires des objectifs de développement durable des Nations Unies.

La tuberculose, qu’est-ce que c’est en fait ?
La tuberculose est une infection, liée à un bacille (Mycobacterium tuberculosis) découvert par le Dr Robert Koch en 1882. On la trouve sous deux formes très différentes :
- l’infection tuberculeuse latente,
- la tuberculose-maladie ou contagieuse.
Dans le premier cas, le bacille tuberculeux peut rester à l’état de repos peu actif (dit « dormant ») et ne provoque pas de maladie. L’infection peut durer ainsi des années ou des décennies.
Après ce temps d’infection latente, environ 10 % des personnes infectées développent une tuberculose maladie, qui touche en priorité les poumons – tuberculose pulmonaire – mais qui peut aussi atteindre d’autres organes – tuberculose extrapulmonaire.
La transmission se fait par voie aérienne : dispersion de gouttelettes de sécrétions bronchiques particulièrement lorsque le malade contagieux tousse, parle, chante ou éternue.
Les symptômes de la tuberculose ne sont pas spécifiques : fièvre, amaigrissement, sueurs nocturnes. Elle peut donner de très nombreux signes, le plus évocateur étant la toux prolongée. Non traitée, la tuberculose évolue, pouvant entraîner le décès. Elle guérit lorsqu’un traitement efficace est correctement suivi jusqu’à son terme. Les traitements non ou mal suivis aboutissent à l’apparition de résistances aux médicaments antituberculeux.
La tuberculose, une menace pour qui ?
Si elle touche principalement les adultes dans la force de l’âge, le risque existe en réalité pour toutes les tranches d’âge. Parmi les sujets infectés par le bacille tuberculeux, le risque de développer la maladie à un moment quelconque de la vie se situe entre 5 % et 15 %. D’autres affections affaiblissant le système immunitaire présentent un risque accru de tuberculose évolutive :
- personnes infectées par le VIH (risque multiplié par 18),
- personnes souffrant de dénutrition,
- personnes diabétiques,
- personnes souffrant de troubles liés au tabagisme.
À ce titre, les politiques de lutte antitabac sont essentielles dans la lutte pour mettre fin à la tuberculose, car la réduction de la prévalence du tabagisme et de l’exposition à la fumée du tabac entraînera une amélioration des taux de guérison de la tuberculose et des résultats du traitement.
La tuberculose, répandue partout dans le monde ?
La tuberculose touche tous les pays. On note récemment que deux tiers des nouveaux cas de tuberculose enregistrés en 2019 sont concentrés dans 8 pays : Inde, Indonésie, Chine, Philippines, Pakistan, Nigeria, Bangladesh et Afrique du Sud.
Chaque année, le 24 mars, se tient la Journée mondiale de la tuberculose pour sensibiliser l’opinion publique aux conséquences sanitaires et socio-économiques dévastatrices de cette maladie, et pour intensifier l’action visant à mettre fin à l’épidémie mondiale de tuberculose.
La tuberculose, présente en France ?
En France, après avoir été responsable de 84 443 décès en 1913, la tuberculose est aujourd’hui bien plus rare, grâce aux campagnes de vaccination soutenues par la maison-mère de notre association : le Comité national contre les maladies respiratoires (CNMR), fusionné aujourd’hui avec la Fondation du Souffle.

La vaccination par le BCG – Bacille Calmette et Guérin – est en effet le seul moyen de se protéger contre la maladie. Elle limite le risque de développer l’infection et prévient les formes graves de la tuberculose chez les jeunes enfants. Son efficacité varie de 75 à 85 %. Obligatoire dans les années 1960 avant l’entrée des enfants en collectivité (crèches, écoles…), la vaccination a permis de diminuer fortement le nombre de cas de tuberculose entre les années 70 et 80 en France, à tel point qu’elle n’est plus obligatoire depuis 2007, sans impact négatif sur le nombre de cas. Elle reste néanmoins recommandée pour les enfants les plus exposés à la tuberculose, comme ceux :
- nés dans un pays où la tuberculose est répandue,
- ayant des antécédents familiaux de tuberculose (parents ou frères et sœurs),
- ou étant à risque d’exposition au bacille tuberculeux (conditions de logement défavorables ou socio-économiques précaires).
A noter que la vaccination reste obligatoire pour les enfants résidant en Ile-de-France ou en Guyane.
Aujourd’hui, la tuberculose n’est pas encore éradiquée. En 2017, elle tend même à augmenter avec une incidence de 7,5 cas/105 habitants, comparés à 7,1/105 en 2015 et 7,2/105 en 2016, et on déplore encore environ 4 à 5000 cas sur le territoire à l’heure actuelle. Une disparité territoriale et populationnelle marquée est malheureusement constatée : la maladie touche principalement les populations en situation de précarité, les migrants en provenance de pays à forte endémie comme ceux de l’Afrique subsaharienne, ainsi que les personnes âgées.
La tuberculose, aggravée par la Covid-19 ?
La Covid-19 et la tuberculose sont toutes deux transmissibles par voie aérienne. Ces deux pathologies ont des symptômes en commun, notamment la fièvre, la toux et la dyspnée ainsi que plusieurs facteurs de risques : notamment un âge avancé, le diabète, les pathologies respiratoires chroniques et les états d’immunodépression.
En 2020, le rapport annuel de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) souligne le risque de voir les efforts de lutte contre la tuberculose anéantis par la crise de Covid-19 en raison de l’interruption de la détection et du traitement des malades atteints de tuberculose au profit des mesures d’urgence et d’ampleur prises pour ralentir la propagation de l’épidémie de Covid-19, entraînant par exemple des difficultés d’accès aux centres de dépistage et de soins de la tuberculose transformés en centres dédiés à la Covid-19. L’OMS craint ainsi une hausse de 200 000 à 400 000 morts dus à la maladie infectieuse pour la seule année 2020.
La tuberculose est une maladie potentiellement contagieuse et mortelle, présente en France et dans le monde, et facteur d’inégalités sociales. Le Souffle 84 se mobilise auprès de sa maison-mère plus que jamais pour assurer la prévention de la maladie et l’accompagnement des malades, mis à mal par la pandémie de Covid-19.
Pour s’informer
- Un dossier “Données de surveillance de la tuberculose” de Santé publique France