Réchauffement climatique, gaz à effet de serre, pollution industrielle et domestique, autant de sources qui contribuent à la détérioration de la qualité de l’air, causant de graves dommages pour la santé et l’environnement. Au niveau national, selon les estimations et les travaux en 2016 de Santé Publique France, la pollution atmosphérique serait responsable d’une perte d’espérance de vie pouvant dépasser 2 ans dans les villes les plus exposées pour une personne de 30 ans.
Et 48 000 décès par an lui seraient imputables. La prise de conscience, à l’échelle de la planète, peine à émerger, mais de timides avancées ont récemment vu le jour dans la reconnaissance des effets létaux de la pollution de l’air sur la santé : la justice britannique a en effet reconnu fin 2020, le rôle de la pollution de l’air dans la mort d’une fillette de 9 ans atteinte d’asthme sévère en 2013 à Londres. La petite fille vivait à moins de trente mètres du South Circular, une voie rapide de circulation très fréquentée du sud londonien.

Sommaire

Mais de quoi est fait l’air que nous respirons ?

L’atmosphère terrestre est l’enveloppe gazeuse qui entoure notre planète et que l’on appelle air. Elle protège toute vie sur Terre en filtrant le rayonnement solaire (ultraviolets) et en réchauffant la surface par la rétention de chaleur : c’est l’effet de serre. Sans lui, la température moyenne sur Terre atteindrait −18°C, contre 15°C actuellement.
Plus l’on s’éloigne de la surface de la Terre, moins l’atmosphère est dense, et plus l’altitude augmente, moins il y a de molécules dans un volume donné d’atmosphère.
Le passage de l’atmosphère à l’espace est donc progressif.

L’air est composé de :

  • 78 % d’azote,
  • 21 % d’oxygène,
  • environ 1 % de  CO2,
  • 0,04 %,  de gaz  rares, de brouillards toxiques, de poussières, de micro-organismes sont susceptibles de contaminer l’air. Ces substances « polluantes » sont produites à l’état naturel ou résultent des activités humaines.

Quelles sont les principales sources de pollution atmosphérique ?

Tous les polluants ne sont pas d’origine chimique. Il existe des polluants naturellement présents dans l’atmosphère

  • d’origine minérale et produits par les embruns marins, la corrosion des roches, l’érosion des sols, les cendres volcaniques et les incendies de forêt,
  • d’origine biologique, tels que les bactéries, virus, champignons microscopiques, pollens,
  • d’origine gazeux, comme le dioxyde de carbone, les oxydes de soufre, ou encore le radon (gaz potentiellement radioactif qui provoque des maladies des poumons ; une exposition à long terme pourrait même augmenter les risques de développer un cancer après plusieurs années d’exposition). Les éruptions volcaniques émettraient dans l’atmosphère terrestre, et parfois jusqu’à la stratosphère, autour de 100 à 500 millions de tonnes de CO2 par an, ainsi que de grandes quantités de gaz et de poussières, pouvant impacter le climat à l’échelle planétaire.

On compte de très nombreux polluants chimiques, dont certains sont particulièrement nocifs et dangereux pour la santé respiratoire, dans certaines situations : 

  • L’ozone de la basse atmosphère,  produite lors de variations saisonnières quand en été, par exemple, les ultraviolets du soleil transforment certains polluants primaires de l’air (hydrocarbures, dioxyde d’azote…) en ozone,
  • Les oxydes d’azote qui sont les plus abondants. Ils proviennent essentiellement de la circulation automobile et surtout actuellement des véhicules diesel,
  • Le monoxyde de carbone (CO) est le résultat d’une combustion (produits du tabac, fioul, charbon, bois…) incomplète dans un milieu insuffisamment oxygéné,
  • Le dioxyde de soufre (SO2), principalement produit lors de la combustion des sources fossiles d’énergie à fort contenu en soufre (charbon, pétrole),
  • L’ammoniac, qui, en contact avec la matière, en raison de réactions chimiques, modifie fortement la nature des sols,
  • Les composés organiques volatiles (COV) tel le benzène C6H6 qui est l’un des plus dangereux pour la santé car classé comme cancérogène certain. Il est issu de l’évaporation des carburants et du trafic routier.

À noter que de nombreuses catastrophes d’origine humaine ont mis sur le devant de la scène la dangerosité de certains composants chimiques et leurs conséquences sur les bassins de vie à proximité, dont la qualité de l’air. L’explosion du site de l’usine AZF (AZote FErtilisants) à Toulouse en septembre 2001 ou la destruction d’une partie de la ville de Beyrouth en 2020, ont été provoquées chacune par l’explosion d’un stock de nitrate d’ammonium. Des victimes et des blessés en nombre, ainsi que de gros dégâts matériels ont été déplorés, mais pas seulement. Une pollution très importante de l’air extérieur en raison des fumées dégagées par la combustion des produits chimiques présents sur les sites a pu être observée. Ces émanations sont particulièrement toxiques, et impactent directement la santé respiratoire des populations.

Les maladies pulmonaires environnementales

Provoquées par l’inhalation de particules, de poussières, de vapeurs ou de gaz nocifs, les maladies pulmonaires environnementales exposent particulièrement les personnes qui travaillent dans des milieux sensibles. Indépendamment du tabac, les personnes les plus fragiles, souffrant préalablement de troubles pulmonaires, courent le risque de développer des complications liées à la pollution de l’air dans l’environnement, ou à des contaminants présents dans des milieux intérieurs et les bâtiments.

L’industrie pétrochimique est l’une des plus polluantes et les personnes y travaillant particulièrement exposées aux maladies respiratoires environnementales.


Suite à une exposition prolongée, ces différents facteurs peuvent provoquer des symptômes et développer des pathologies, qui prennent différentes formes :

  • asthme professionnel, bronchopneumopathie chronique obstructive – BPCO,
  • asbestose ou mésothéliome qui sont des maladies associées à l’exposition à l’amiante,
  • bérylliose, maladie liée au béryllium dans l’industrie aérospatiale,
  • byssinose, personnes qui travaillent avec le coton, le lin ou le chanvre,
  • pneumoconiose, maladie des travailleurs du charbon et du graphite,
  • silicose, touchant les professionnels exposés à la silice,
  • et autres pathologies au contact d’agents chimiques ou de gaz chez les agriculteurs et les viticulteurs par exemple.

Des résolutions européennes à appliquer localement

En France, les politiques publiques s’appuient sur le Cadre international et européen de réduction de la pollution de l’air qui fixe les normes sanitaires à respecter et s’appuie sur l’obligation :

  • de surveiller la qualité de l’air,
  • d’informer les populations sur la qualité de l’air,
  • de respecter les normes sanitaires fixées,
  • de mettre en œuvre des plans d’action dans les zones où des dépassements des normes sanitaires sont observés afin qu’elles soient respectées dans les délais les plus courts.

Le ministère de la Transition écologique publie chaque année un Bilan de la qualité de l’air extérieur sur le territoire. Le dernier est daté de 2019.

Il a été démontré que des gains en santé sont avérés si la qualité de l’air est améliorée, et ce dès en amont dans les territoires.
D’après l’Agence européenne de la transition écologique, les Zones à faibles émissions, les ZFE, visant à limiter le trafic des véhicules les plus polluants, permettraient de réduire jusqu’à 12 % des concentrations de dioxyde d’azote et de particules fines PM10 (particule fine inférieure à 10 µm) et jusqu’à 15 % des particules fines PM2.5  (particule fine inférieure à 2,5 µm). Les ZFE sont censées apporter des bénéfices en matière de santé publique, comme celui d’induire une diminution des émissions de polluants et de gaz à effet de serre, non seulement en leur sein, mais également au-delà, en dehors de leurs périmètres, d’où l’intérêt d’identifier des périmètres larges.

En Europe, 220 ZFE ont été instaurées. Il en existe actuellement 2 en France, à Paris et à Grenoble.

En Région PACA, les communes de Marseille, Nice et Toulon, souvent concernées par les dépassements des seuils réglementaires de la pollution de l’air, devraient les mettre en place courant 2021. 

Si l’ensemble des communes réussissait à atteindre les niveaux de particules fines observés dans les 5 % des communes les moins polluées de la même classe d’urbanisation, 34 000 décès en France métropolitaine pourraient être évités chaque année (gain moyen de 9 mois d’espérance de vie) selon Santé publique France.

Quels sont les outils mis en place pour le suivi de la pollution ?

Au niveau européen, l’Agence européenne de l’environnement dispose des outils les plus performants grâce à des technologies de plus en plus pointues et innovantes : sciences citoyennes, observations par satellite, intelligence artificielle et mégadonnées.

Source de l’infographie : Agence européenne de l’environnement

En France, le PSAS, le Programme de surveillance « Air et santé » de Santé Publique France, a été créé en 1997 en application de la LAURE, Loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie, du 30 décembre 1996, dont l’article 3 stipule que « l’Etat assure […] la surveillance de la qualité de l’air et […] de ses effets sur la santé ».

Le programme est voué à l’étude des maladies en lien avec la pollution, comme les pathologies cardio-vasculaires, le cancer et l’asthme.

Les agences de surveillance de l’air œuvrent également au quotidien pour prévenir les populations : les Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) mesurent et étudient la pollution atmosphérique au niveau de l’air ambiant. Elles sont agréées par le ministère de la Transition écologique pour communiquer officiellement leurs résultats, comme Atmo-France, ou l’ANSES.

Il reste encore beaucoup d’efforts à faire pour améliorer la qualité de l’air

La Commission européenne a publié le 17 mai 2018 une communication intitulée : « Une Europe qui protège : de l’air pur pour tous », qui fait le constat d’une réelle amélioration en Europe de la qualité de l’air, en raison des efforts déployés au niveau des territoires à : 

  • améliorer la qualité de l’air en réglementant les émissions de substances dangereuses dans l’atmosphère,
  • optimiser la qualité des carburants,
  • faire appliquer des exigences de protection de l’environnement aux secteurs des transports, de l’industrie et de l’énergie.

Malgré ce constat, il reste un véritable combat à mener dans l’UE, qui n’est envisageable que si l’ensemble des membres travaille à se conformer aux normes en vigueur en matière de qualité de l’air, selon les objectifs fixés pour 2020 et 2030.

Ces objectifs, fixés pour chaque État membre, doivent permettre de réduire la mortalité prématurée due à la pollution atmosphérique au niveau européen : la pollution de l’air étant le fléau qui réduit le plus l’espérance de vie des populations au niveau mondial

La Commission européenne a examiné les actions requises dans tous les secteurs, notamment l’augmentation de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables, et a commencé à élaborer des propositions législatives détaillées, qu’elle présentera d’ici juin 2021 de travailler à la mise en œuvre de cette nouvelle ambition. Cet objectif doit permettre à l’UE de progresser vers une économie neutre pour le climat, afin de remplir ses engagements envers l’accord de Paris

Objectifs de réduction fixés pour la France, exprimés en % par rapport à 2005 – Source UE :

  À l’horizon 2020 À l’horizon 2030
SO2 : dioxyde de soufre -55 % -77 %
NOx : oxyde d’azote -50 % -69 %
COVNM : composés volatils non méthaniques -43 %        -52 %
NH3 : ammoniac  -4 % -13 %
PM2.5 : particules fines de 2.5 µm  -27 % -57 %

Agir : l’engagement de la Fondation du Souffle

Notre maison-mère, la Fondation du Souffle, est l’un des partenaires du ministère de la Transition Écologique dans le cadre de l’animation des activités autour de la Journée de la Qualité de l’air. 

A titre d’exemple, le 22 septembre 2019, à l’occasion de cette journée, la Fondation du Souffle a organisé, en partenariat avec la mairie du XVIIIe arrondissement de Paris, engagée dans le dispositif Paris Respire, la deuxième édition de l’Urban Trail de la Butte Montmarte, un parcours de 7 km qui a rassemblé plusieurs centaines de coureurs amateurs. Cette compétition s’inscrit dans les actions de promotion d’activités physiques et sportives de la Fondation du Souffle et de soutien des malades respiratoires et les fonds collectés sont dédiés à ses projets de recherche sur la santé respiratoire et en pneumologie.

Cette année, la Journée nationale de la qualité de l’air se tiendra le 16 septembre 2021

Pour s’informer